La Vie en chantier by Pete Fromm

La Vie en chantier by Pete Fromm

Auteur:Pete Fromm [Fromm, Pete]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
ISBN: 9782351781968
Éditeur: Éditions Gallmeister
Publié: 2019-09-04T22:00:00+00:00


Jour cent cinquante-neuf

TROIS semaines sans un jour de repos. Sauf à Noël. Trois semaines à construire des banquettes et des meubles encastrables. Il avait utilisé des vieux châssis de fenêtres, grattant le mastic, arrachant les clous et retirant le verre ondulé, si bien que les meubles semblaient plus authentiques que le reste de la maison. Marnie et lui ne s’y seraient pas pris autrement pour décorer leur intérieur. Du moins, c’était leur intention.

Une fois les commandes terminées, fébrile, il avait mesuré la salle de bains, prélevé du bois dans son stock derrière la maison et entrepris de fabriquer une colonne d’angle – des étagères où ranger les serviettes, le papier toilette et les produits d’hygiène –, un meuble qui accumulerait la poussière dans l’atelier, le temps qu’il s’occupe de la démolition, du carrelage, de la tuyauterie, qu’il répare la baignoire à pieds et la cuvette. Marnie et lui avaient tracé les plans ensemble, et Taz n’était pas certain de pouvoir les affronter. Toutes les idées de Marnie. Mais cela lui permettait d’éviter la maison.

Quatre semaines dans l’atelier, plus par honte qu’autre chose. Le lendemain de Noël, il s’était à nouveau excusé auprès de Lauren, lui promettant d’accrocher le portrait à l’emplacement de son choix. Elle avait répondu qu’elle était désolée, elle n’avait pas mesuré à quel point ce qu’elle lui demandait était difficile. Il n’avait plus revu le portrait. Deux semaines plus tard, au milieu de la nuit, il s’était forcé à entrer dans leur ancienne chambre, à ouvrir l’armoire et à attraper la boîte à chaussures renfermant leurs photos sur l’étagère la plus haute, la période rétro de Marnie, 35 mm. Sans oser soulever le couvercle, il avait posé la boîte sur la table, là où Lauren avait l’habitude de boire son café, pour qu’elle la trouve le lendemain. Elle n’avait rien dit, mais la boîte ne restait jamais au même endroit, se décalant d’un centimètre ou deux chaque jour, le couvercle à moitié enfoncé.

C’est à peine s’il connaissait encore Midge, qu’il apercevait de temps à autre. Elle s’était entichée de Lauren comme elle s’était entichée d’Elmo, à la manière des canards, qui suivent la première chose qu’ils voient en sortant de l’œuf, canard, cabot ou catastrophe. Taz préférait ne pas savoir à quelle catégorie il appartenait.

Il avait traîné le poêle jusqu’à l’atelier. Celui qui rouillait sous une bâche depuis deux ans, à côté de l’usine à cookies et des autres trésors de récup qu’il comptait réhabiliter. Grâce à sa chaleur, il avait pu travailler tous les jours jusqu’à ce que Lauren vienne le chercher à l’atelier, disant qu’elle n’en pouvait plus, qu’elle rentrait à l’hôtel.

Presque un mois à l’hôtel. Cela devait coûter une fortune. Sans compter la voiture de location. Il lui avait dit que leur ancienne chambre était libre, qu’elle était la bienvenue, qu’il continuait de dormir dans la nursery. Mais elle préférait se coucher dans un lit refait chaque soir. Et zapper devant la télé, même s’il n’y avait rien d’intéressant à regarder.

Il s’était demandé en quoi cela différait de sa vie habituelle.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.